film

JAI (CHAI) (Los numeros de la vida) (Vida - vie)

Titre Original JAI (CHAI) (Los numeros de la vida)
Titre traduit Vida - vie
Réalisateur SYLBERSTEIN
Ariel
Distribution
Production
Année 2004
Format en ligne
Durée 9,15'
Langue Esp. st Ang.
Musique
Distinction
Interprètes
Résumé La petite-fille demande à sa grand-mère pourquoi elle a des chiffres sur l'avant-bras? Un petit chef-d’œuvre d’humour et de tendresse, où des grands–parents rescapés des camps de la mort, sans « faire la leçon », font passer un message de vie.
Diffusion
Droit 0
Festival
Genre Court-métrage/fiction
Fiction
Court-métrage
Auteur du Commentaire Adolphe Nysenholc
Commentaire d'Imaj Ce film met en scène une petite-fille et ses grands-parents rescapés des camps de la mort. Elle les interroge. Et ils arrivent à lui transmettre leur message avec beaucoup de tact et de tendresse. La petite-fille demande à sa grand-mère ce qu’est le numéro sur son bras (qui fut tatoué à Auschwitz). Et celle-ci dit, par euphémisme, que c’est le numéro de la vie (car si on additionne les chiffres qu’elle a marqués dans sa chair, dit-elle, on obtient 18). En effet, ce résultat se retrouve dans le mot hébreu qui désigne la vie : Khaï (prononcé « JAI » en espagnol). Puis le grand-père voit que sa petite-fille inscrit ce nombre sur son propre bras. Et interrogée par lui, elle dit que c’est bubba (sa grand-mère) qui le lui a dit. Mais apercevant sur le bras de son zaydeh (grand-père en yiddish) un autre numéro, elle doute que le sien soit le symbole de la vie. Alors, le vieil homme opère, lui, devant elle, soustraction et multiplication, de manière à obtenir également au total le nombre allégorique de 18. De fait, l’auteur du film fait une parodie de la Gematria (la numérologie hébraïque où l’on additionne des lettres, chacune ayant une valeur numérique selon sa place dans l’alphabet, afin de découvrir le sens caché des mots dans le Livre.) Ainsi, toute la culture rabbinique, sinon kabbalistique, est exploitée par le scénariste, avec d’autant plus d’ironie qu’il permet à une femme de faire cette exégèse ésotérique, ce qui ajoute du piquant, puisque l’étude des textes sacrés était le privilège des hommes. Et surtout la bubba, qui a la pudeur de son malheur, enseigne non la mort mais la vie, à travers un sursaut de l’âme par lequel elle convertit le stigmate de l’anéantissement en un signe de renaissance. Elle affirme la vie éternelle du peuple juif. Elle piège de surcroît le zaydeh, son homme, qui, bon joueur, donne raison à sa femme. On ne voit pas les parents. On est dans une relation trans-générationnelle. Il y a ainsi trois dialogues, où les personnages se rencontrent deux à deux. Le scénario emploie les opérations fondamentales de l’arithmétique enseignée à l’école primaire, adaptées à l’âge de la petite fille. Dans la spéculation des aïeuls sur leurs chiffres soi-disant codés, les comptes tombent juste. Le script est parfaitement construit. Il combine esprit de finesse et esprit de géométrie. Et c’est le petit frère qui, par un renversement des valeurs, apparaît comme le vrai adulte. Il a un discours de vérité, quasi cynique, en tout cas réaliste. Il donne, à sa grande sœur, la signification historique du chiffre. N’empêche, la réponse, que la petite fille lui fait, renoue avec l’esprit de la grand-mère : elle ne veut pas effacer le numéro qu’elle s’est tracée sur la peau, car si on veut à nouveau tuer ses grands-parents, et qu’on ne connaît plus le numéro de la vie, qui le saura ? C’est désormais aux enfants à sauver les parents. La petite-fille prend sur elle le destin de ses aïeux. Elle se définit juive en fonction de la Shoah mais aussi de la Torah, de sa tradition herméneutique. Les grands-parents lui ont transmis l’amour de son peuple, l’amour de la vie. Certes, elle ouvrira un jour les yeux, mais sa réplique est une parfaite résolution du scénario. Ce court métrage est un grand film. Il donne l’impression de tout dire, l’essentiel, en 9 minutes. On ne cesse de sourire tout au long des séquences de voir comment tout est positivé. On n’y rit pas de son plus grand malheur mais malgré lui. C’est un bel exemple d’humour juif qui montre comment l’autodérision surmonte le deuil, est un acte de résilience, de résistance. Cette autodéfense manifeste l’instinct de vie, fut un gage de pérennité à travers les siècles d’exil et de pogroms. Peut-on rire de tout ou de tous ? Je dirais que l’humour peut tout se permettre, à condition qu’il soit un acte d’amour. On rit entre amis de bon cœur de chacun sans se vexer, car on s’apprécie, on se veut du bien, on peut rire de soi avec eux car on sait que l’autre ne va pas en profiter pour vous dénigrer, vous blesser. Humour et amour forment une rime riche : cela ne rime pas seulement selon le son mais selon le sens. Pathos, amour et enfance, sont trois paramètres fondamentaux de l’équation humour. Mais ces trois termes ont des contenus différents selon l’histoire de chaque nation. L’humour, qui spécule sur des idées, des mots et des images propres à chaque groupe humain, est culturel. L’humour britannique n’est pas l’esprit français. Et l’humour juif est un rire de soi salutaire qui déjoue le mépris enduré au sein des nations depuis des millénaires.

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