film

LEBEN? ODER THEATER? (Vie? Ou théâtre? - Life? or Theater?)

Titre Original LEBEN? ODER THEATER?
Titre traduit Vie? Ou théâtre? - Life? or Theater?
Réalisateur WEISZ
Frans
Distribution
Production
Année 2012
Format DVD
Durée 86'
Langue Néerl.
Musique
Distinction
Interprètes
Résumé Dans ce documentaire, le cinéaste néerlandais Frans Weisz retrace la vie de Charlotte Salomon, une artiste peintre juive allemande qui a défié le régime nazi, en tant qu'adolescente, en restant à Berlin et à l'école d'art jusqu'en 1938, d'où elle est partie pour vivre avec ses grands-parents dans le sud de France . En exil, déchirée par la peur et la dépression, mais entraînée par son énergie créative, elle a produit plus de 700 pages de dessins et d'écriture, y compris un drame lyrique dont le titre du film tire son nom. Le réalisateur né un peu plus d'une décennie après Charlotte Salomon, dresse ensemble le portrait de cette vie coupée tragiquement à Auschwitz..Trente ans après la sortie de son film original sur l'artiste, cette œuvre explore son héritage à partir d'une nouvelle perspective : d'une lettre inédite écrite en exil. In this documentary, Dutch filmmaker Frans Weisz traces the life of Charlotte Salomon, a German Jewish painter who defied the Nazi regime as a teenager by staying in Berlin and attending art school until 1938, when she was sent to live with her grandparents in southern France. In exile, torn by fear and depression but driven by fiercely creative energy, she produced over 700 pages of drawings and writing, including a lyrical drama from which the film title draws its name. In a mosaic-style account, Weisz, born just over a decade after Salomon, pieces together a life cut tragically short in Auschwitz. Thirty years after the release of his original film about the artist, this work explores her legacy from a new perspective with a previously unpublished letter written in exile.
Diffusion
Droit 0
Festival JFF Berlin 2012 New - York JFF 2013
Genre Documentaire
Théatre
Thriller
Auteur du Commentaire Jack Mener
Commentaire d'Imaj Telle l’étoile dont le scintillement nous parvient longtemps après sa destruction, nous arrive, 70 ans après sa mort, l’oeuvre lumineuse et bariolée de Charlotte Salomon. Jeune artiste juive berlinoise, d’abord rescapée de la trop "joliment" nommée Nuit de Cristal, puis carbonisée en 1943 à 26 ans, enceinte de 4 mois, dans le crématoire d’Auschwitz. Frans Weisz, le réalisateur hollandais qui tourna déjà en 1980 Charlotte, fascinante biographie de l’artiste, présentera ce 10 décembre au cours de l’exposition organisée au Goethe Institut, LEVEN ? of THEATER ?, son brillant documentaire sur l’oeuvre éponyme de celle qui mit en scène sur 760 feuilles de papier, précieusement sauvegardées de la Shoah, sa propre vie, celle de sa famille et de sa communauté. Un véritable événement. Cette fabuleuse somme des gouaches de Charlotte Salomon, encore trop méconnue, est comme nous le verrons, une création unique et exemplaire à plusieurs titres. Le Joods Historisch Museum d’Amsterdam en est le vigilant dépositaire depuis 1971 après l’avoir reçu après guerre de ses parents réfugiés aux Pays-Bas et en a organisé dès 1961 une exposition originale avec une large sélection de cette collection dont l’intégralité peut aujourd’hui être consultée sur un CD-ROM et sur son site web (http://www.jhm.nl/collectie/thema's/charlotte-salomon/leben-oder-theater). Cette oeuvre protéiforme (Gesamtwerk) tout à la fois picturale, théâtrale, musicale et pré-cinématographique, ne ressemble, comme nous le verrons, à aucune autre ni dans le fond ni dans la forme. Elle démontre de façon magistrale la créativité foisonnante d’un esprit libre dans une société et une époque pourtant sous menace constante. Un mélange étonnant de joie de vivre et de tragédie en marche. Charlotte Salomon, née en 1917 d’un médecin professeur d’université et d’une mère dont elle ignora le suicide jusqu’à ses vingt ans, connut une jeunesse dorée. Elle côtoya les milieux intellectuels et artistiques du Berlin d’avant-guerre, surtout lorsque son père se remaria avec une cantatrice fort en vogue, Paula Lindberg, égérie de Klemperer, Fürtwangler et autres grands chefs d’orchestre. Dans leur salon se croisaient célèbres architectes (Erich Mendelsohn), musiciens (Paul Hindemith), scientifiques (Albert Einstein) et autres beaux esprits dont la jeune fille s’imprégna. Enfant plutôt renfermée, la montée du nazisme la fit interdire du lycée à 17 ans, comme son père fut interdit de professer. Elle choisit alors de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de Berlin où, parce que juive, on lui refusa le 1er prix d’un concours qu’elle avait gagné. Peu après la Kristallnacht du 9 novembre 1938, on l’envoya se réfugier dans le midi de la France où avaient déjà fui ses grands-parents. En 1940, comme le firent deux ans plus tard Lotte et Stefan Zweig, sa grand-mère se suicida de désespoir et Charlotte apprit alors que sa mère avait déjà fait de même à l’âge de 28 ans et aussi sa tante. Comme pour échapper à cette malédiction et pour laisser une trace de sa vie menacée par les vagues de déportation, Charlotte investit toute son énergie dans Leben ? oder Theater ? Vivre ? ou le théâtre ? fut sa réponse au désespoir : une oeuvre multiforme qu’elle qualifia de Singspiel, peinte en trois couleurs primaires correspondant aux trois parties de sa vie et où elle illustra, sans discontinuer pendant 18 mois , ce qu’elle avait vécu jusque là. Des Mémoires en forme de gigantesque bande dessinée. A la différence du Journal de Anne Frank, confession intime écrite, Leben ? oder Theater ? est une création complexe d’une étonnante modernité. Une comédie musicale qui intègre plusieurs formes d’art : gouaches souvent inspirées de grands peintres classiques ou modernes et parfois sous plusieurs angles, graphisme intégré au dessin dans tous les sens ou superposé sur celluloïds transparents, accompagnements de chants et musiques, indications scéniques précises (didascalies), le tout dans une liberté totale qui n’hésite pas à faire fi du cadre de la feuille. Sa caméra-pinceau nous a laissé ainsi un témoignage lucide et sans pareil sur son temps et sa vision d’un monde en disparition qui se déroule sous nos yeux comme un story-board de cinéma avant la lettre. Témoignage en couleurs et en musique du Berlin de la pire époque de son histoire. C’est ce destin hors normes que nous évoque le documentaire riche et fouillé du cinéaste plus qu’expérimenté (40 films à ce jour) Frans Weisz, film lui aussi d’une construction complexe. Une évocation qui vient plus de 30 ans après Charlotte , la fiction qu’il avait tournée sur la vie de l’artiste assassinée, magistralement interprétée par la jeune actrice autrichienne Birgit Doll dont ce n’était que le deuxième film et qu’on a surtout vue pendant des années dans de nombreuses séries télévisées (Le gorille, Derrick, Siska, Tatort,…). Elle aussi revient témoigner, comme parents et entourage de Charlotte Salomon, dans ce Leven ? of Theater ?, venus éclairer d’un jour nouveau cet être d’exception qu’on ne peut mieux évoquer qu’en empruntant le titre d’un des plus beaux films de Wim Wenders : Der Himmel über Berlin (Les Ailes du désir) . Comme si, tel le Phénix ressuscité de ses centres, l’âme de Charlotte Salomon échappée en fumée d’une des cheminées d’Auschwitz, venait nous revisiter. Grâce à l’exposition de 64 de ses gouaches au Goethe Institut et grâce au nouveau film de Frans Weisz, un peu du Grand Mal sera ainsi réparé et les images de Leben ? oder Theater ? se graveront à jamais au profond de nos rétines et dans le coeur des visiteurs. Paru dans le magazine Centrale n°330 Décembre 2013

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