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DER STAAT GEGEN FRITZ BAUER (Fritz Bauer, un héros allemand)

Titre Original DER STAAT GEGEN FRITZ BAUER
Titre traduit Fritz Bauer, un héros allemand
Réalisateur KRAUME
Lars
Distribution ARP Sélection
Production Cohen Media Group
Année 2016
Format
Durée 106'
Langue All. st Fr.
Musique
Distinction
Interprètes Burghart Klaußner, Ronald Zehrfeld, Lilith Stangenberg
Résumé L’Allemagne n’a pas fini de digérer son passé nazi. Et c’est heureux, car il y a encore pas mal de cendres camouflées sous le tapis de son histoire. Le cinéaste Lars Kraume et son scénariste Olivier Guez ont reconstitué sous forme de docufiction, la quête obstinée de Fritz Bauer, procureur général de la Hesse, pour dénazifier l’Allemagne d’après-guerre des hauts responsables de la justice et de la police encore en place sous l’honorable Chancelier Konrad Adenauer. Une traque acharnée, menée seul contre tous, y compris ses collègues magistrats. Initiateur entre ’63 et ‘65 des premiers procès allemands de Francfort contre les tortionnaires nazis, systématiquement contrecarré, il en viendra à céder clandestinement au Mossad la capture d’Adolf Eichmann qui sera finalement jugé à Jérusalem et non en Allemagne comme il l’aurait préféré. 6 German Oscars (including Best Film and Best Director) - Nominé au Fest Int' du film policier de Beaune 2016 - Nominé Fest du film de Locarno 2015
Diffusion
Lien film public
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Droit 0
Festival
Genre Fiction
Auteur du Commentaire Jack Mener
Commentaire d'Imaj Dans une mise en scène classique mais soignée et efficace, où l’acteur Burghart Klaussner (Goodbye Lenin, Le Ruban blanc) incarne de façon saisissante ce héros allemand méconnu, nous accompagnons pas à pas, dans ce thriller (Prix du Public au Festival du Film policier de Beaune), un procureur obnubilé non par la vengeance mais par sa mission de justicier sans concessions. Il mourra mystérieusement dans sa baignoire en 1968. Le titre allemand de ce film, Der Staat gegen Fritz Bauer, est d’ailleurs révélateur du parcours ingrat pour exercer une justice allemande, mené par ce magistrat si gênant pour ses pairs. Car oui, paradoxalement, c’est lui qui fut harcelé par le pouvoir de son pays. Dans sa carrière et jusque dans son intimité. Une carrière pourtant brillante. Eminent juriste, né à Stuttgart en 1903, plus jeune juge d’Allemagne dès 1930, incarcéré par les nazis comme juif et communiste, il s’enfuit en 1935 au Danemark puis en Suède où il se maria et d’où il revint seul en 1949 pour occuper le poste de procureur général de la Hesse. Epris de justice, il veut épurer son pays des scories du passé et va focaliser sa raison de vivre sur la réinstauration du droit et de la morale. ORDNUNG MUSS SEIN ! Mais lui-même cerné de collègues complices du nazisme, il entre en résistance et monte sa propre équipe pour débusquer les criminels du IIIe Reich non jugés par le Tribunal de Nuremberg de 1946 et dont il fera condamner certains aux procès de Francfort pour leurs crimes à Auschwitz. Mais les plus importants ont pu, comme Martin Bormann ou Josef Mengele, s’échapper, à l’aide de complicités, dans la nature ou à l’étranger et sont introuvables. Envolé surtout, Adolf Eichmann, l’organisateur de la Solution Finale et dont même les services secrets de la RFA et des USA feignent d’ignorer l’existence par opportunisme de la guerre froide. Or, miracle, en 1957 Bauer reçoit une lettre d’un Argentin inquiet que sa fille soit courtisée par un des fils d’un certain Ricardo Klement qu’il soupçonne d’être le sinistre Eichmann. Galvanisé, Fritz Bauer entame une longue procédure de poursuites judiciaires mais ne va trouver, au sein de son administration, que des portes closes. Pire même. Considéré comme un rouage gênant, il devint l’objet d’un harcèlement systématique envers sa personne sur base de ses préférences homosexuelles (auxquelles le film consacre une longue digression semi-romancée), encore réprimées par la loi en RFA à cette époque en vertu de l’ancien §175 du Code civil appliqué sous le nazisme et resté en vigueur après la guerre. Il confiera: « Quand je sors de mon bureau, j’entre en territoire ennemi. » On imagine l’effroyable tempête dans le cerveau de Fritz Bauer, ce magistrat intransigeant. Comment concilier morale et justice ? Comment juger Eichmann, symbole de la barbarie nazie, dont la hiérarchie des tribunaux allemands ne voulait pas ? Et dans la solitude de sa nuit l’éclair vint. S’inspirant de la ligne en diagonale chère aux grands penseurs juifs, au risque de passer pour traître à sa patrie, il se tourna en 1960 vers le Mossad pour au moins livrer le bourreau à la justice de Jérusalem, avec le retentissement historique que l’on sait, et arriver à recourber ainsi le droit vers le centre de son credo: faire coïncider éthique et équité. Quand l’insoumission devient honneur. Bien joué, Fritz.

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